Jésus-Christ
Nous lisons dans l’Evangile selon Jean (8 : 56-58) : « Abraham, votre père, a tressailli de joie à la pensée de voir mon jour : il l’a vu, et il s’est réjoui. Les Juifs lui dirent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ! Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis. » Lorsque Jésus-Christ dit « je », il est impossible de penser qu’il fasse référence à sa personnalité matérielle, physique, laquelle n’existait pas du temps d’Abraham. Par ailleurs, rien ne nous autorise à penser qu’il fasse référence à Dieu lui-même, car les Écritures ne définissent nulle part Jésus comme étant Dieu. Jésus dit de lui-même qu’il est le Fils de Dieu. Le témoignage de Pierre est également probant à cet égard : A la question de Jésus, « Qui dit-on que je suis ? », Pierre apporte cette réponse approuvée par le Maître : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Car, si Jésus dit « Moi et le Père nous sommes un » (Jean 10 : 30), marquant ainsi l’unité de Dieu et du Christ, il dit également « Le Père est plus grand que moi » (Jean 14 : 28).
Mary Baker Eddy, précise ainsi sa pensée au sujet de Jésus-Christ : « Jésus naquit de Marie. […] Le Christ est incorporel, spirituel – voire l’image et la ressemblance divines… » ; « L’homme corporel Jésus était humain » ; « Christ exprime la nature spirituelle, éternelle de Dieu. Ce nom est synonyme de Messie et se rapporte à la spiritualité qui est enseignée, illustrée et démontrée par la vie dont Christ Jésus fut l’incarnation. » (Science et Santé, pp. 332-333) Cette approche clarifie les paroles de Jésus relatives à l’antériorité de son moi, i.e. du Christ, présent avant Abraham ; cela explique également qu’Abraham ait pu « voir son jour ». Cela permet de comprendre comment, après l’ascension, alors que Jésus n’était plus présent physiquement parmi les disciples, l’évangile de Marc peut tout de même affirmer que « Le Seigneur travaillait avec eux [les apôtres], et confirmait la parole par les miracles qui l’accompagnaient ». Enfin, cela permet de comprendre cette phrase qui clôt l’évangile de Matthieu : « Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde », où « je » est le Christ, spirituel, divin, et non une personnalité physique, matérielle.
Cette approche de Dieu, du Christ et de Jésus, pourrait cependant laisser entendre qu’Eddy tend à séparer le Christ de Dieu et Jésus du Christ. Ce n’est bien évidemment pas le cas. En ce qui concerne Dieu et le Christ, leur unité est évidente. La question qui se pose est : Que représente le Christ par rapport à Dieu, si ces deux termes ne sont pas synonymes ? Christ et Dieu sont un « en qualité », pas « en quantité » explique Eddy (Science et Santé p. 361), ce qui fait écho à ces deux phrases de Jésus : « Moi et le Père nous sommes un » et « le Père est plus grand que moi ». Pour exemplifier sa pensée elle utilise l’analogie suivante : « Si nous disons que le soleil symbolise Dieu, alors l’ensemble de ses rayons collectivement symbolise le Christ et chaque rayon individuel les hommes et les femmes. » (Miscellanées, p. 344) Christ est ailleurs décrit comme le pouvoir de Dieu (Ecrits divers, p. 17), comme l’image empreinte de Dieu (Pulpit and press, p. 81, en référence à Hébreux 1 : 3 version King James), comme l’idéal de Dieu, l’Entendement divin (Science et Santé, p. 25), comme la manifestation divine de Dieu qui vient à la chair pour détruire l’erreur incarnée (Science et Santé, p. 583).
Au sujet de Jésus et du Christ, il n’y a évidemment aucune séparation possible non plus. Eddy écrit en effet : « Il [Jésus] était inséparable du Christ, le Messie… » (Science et Santé, p.482) La distinction qu’elle introduit cependant est principalement liée à sa métaphysique de la matière et de l’Esprit. Lorsqu’elle qualifie « l’homme corporel » Jésus « d’humain », par rapport au Christ qui est divin, il ne s’agit pas pour elle de déprécier l’homme Jésus, qu’elle place au-dessus de tous : « Jésus était le plus haut concept humain de l’homme parfait » (Science et Santé, p. 482). En réalité, c’est au concept matériel de l’homme générique qu’elle s’attaque. La théologie traditionnelle, plus spécifiquement catholique, présente la matière comme créée par Dieu, « elle est donc bonne ; elle n’est pas le principe du mal, et elle a une relation d’immédiateté authentique avec Dieu » (K. Rahner et H. Vorgrimler, Petit dictionnaire de théologie catholique, p. 276) Pour Eddy, Dieu, l'Esprit, ne saurait avoir créé la matière, car « matière » et « Esprit » ne participent pas de la même nature. La matière est une contrefaçon de l’Esprit, une conception imparfaite de la nature spirituelle de la création. Christ Jésus était le lieu d’une dualité. Eddy écrit : « Le Christ invisible n’était pas perceptible aux prétendus sens personnels, tandis que Jésus apparut en tant qu’existence corporelle. Ce double caractère [le texte anglais dit : cette personnalité duale] de l’invisible et du visible, du spirituel et du matériel, du Christ éternel et du Jésus corporel manifesté dans la chair, subsista jusqu’à l’ascension du Maître, au moment où le concept humain matériel, ou Jésus, disparut, tandis que le moi spirituel, le Christ, continue d’exister… » (Science et Santé, p. 334) La chair, y compris celle de Jésus, est une condition temporaire qui, in fine, doit être dépassée grâce au Christ ; d’où l’ascension de Jésus perçue comme « élévation au-dessus de toutes conditions matérielles » et comme « un état de progression au-delà de la tombe » (Science et Santé, p. 46). Lorsque Jésus s’éleva « au-dessus de la perception physique de ses disciples », écrit Eddy, « les sens matériels ne le revirent plus » (Ibid.)
Mary Baker Eddy associe la « personnalité humaine » de Jésus à l’incapacité des sens matériels à discerner sa vraie individualité, spirituelle, laquelle est le Christ. Elle écrit : "En raison de leur croyance matérielle et pécheresse, les mortels ne pouvaient percevoir le Jésus spirituel" (Science et Santé, p. 314) Les notes prises lors d’un cours donné en 1889, confirment ceci : « Jésus était l’idée de Dieu, notre conception humaine l’a revêtu de pensée humaine… Lorsque nous parlons de Jésus nous avons à l’esprit l’idée divine. […] » (Note prises par Joshua Bailey ref. A10273) Dans une note à Edward Norwood elle écrit : « Jésus dans la chair était le prophète, ou celui qui montre le chemin vers la Vie, la Vérité, l’Amour, et en dehors de la chair Jésus était le Christ, l’idée spirituelle ou image et ressemblance de Dieu. » (We knew Mary Baker Eddy vol. II, p. 272) Nous voyons ici que c’est bien en réalité la conception qu’Eddy entretient de la notion de « chair » (sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir dans la partie métaphysique), notion qu’elle relie à la conscience humaine, qui semble créer une tension entre Jésus et le Christ, mais son concept de la Trinité ne s’écarte jamais de ce que l’Évangile de Jean en dit : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. […] Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité… » (Jean 1 : 1,14)
Nous lisons dans l’Evangile selon Jean (8 : 56-58) : « Abraham, votre père, a tressailli de joie à la pensée de voir mon jour : il l’a vu, et il s’est réjoui. Les Juifs lui dirent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ! Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis. » Lorsque Jésus-Christ dit « je », il est impossible de penser qu’il fasse référence à sa personnalité matérielle, physique, laquelle n’existait pas du temps d’Abraham. Par ailleurs, rien ne nous autorise à penser qu’il fasse référence à Dieu lui-même, car les Écritures ne définissent nulle part Jésus comme étant Dieu. Jésus dit de lui-même qu’il est le Fils de Dieu. Le témoignage de Pierre est également probant à cet égard : A la question de Jésus, « Qui dit-on que je suis ? », Pierre apporte cette réponse approuvée par le Maître : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » Car, si Jésus dit « Moi et le Père nous sommes un » (Jean 10 : 30), marquant ainsi l’unité de Dieu et du Christ, il dit également « Le Père est plus grand que moi » (Jean 14 : 28).
Mary Baker Eddy, précise ainsi sa pensée au sujet de Jésus-Christ : « Jésus naquit de Marie. […] Le Christ est incorporel, spirituel – voire l’image et la ressemblance divines… » ; « L’homme corporel Jésus était humain » ; « Christ exprime la nature spirituelle, éternelle de Dieu. Ce nom est synonyme de Messie et se rapporte à la spiritualité qui est enseignée, illustrée et démontrée par la vie dont Christ Jésus fut l’incarnation. » (Science et Santé, pp. 332-333) Cette approche clarifie les paroles de Jésus relatives à l’antériorité de son moi, i.e. du Christ, présent avant Abraham ; cela explique également qu’Abraham ait pu « voir son jour ». Cela permet de comprendre comment, après l’ascension, alors que Jésus n’était plus présent physiquement parmi les disciples, l’évangile de Marc peut tout de même affirmer que « Le Seigneur travaillait avec eux [les apôtres], et confirmait la parole par les miracles qui l’accompagnaient ». Enfin, cela permet de comprendre cette phrase qui clôt l’évangile de Matthieu : « Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde », où « je » est le Christ, spirituel, divin, et non une personnalité physique, matérielle.
Cette approche de Dieu, du Christ et de Jésus, pourrait cependant laisser entendre qu’Eddy tend à séparer le Christ de Dieu et Jésus du Christ. Ce n’est bien évidemment pas le cas. En ce qui concerne Dieu et le Christ, leur unité est évidente. La question qui se pose est : Que représente le Christ par rapport à Dieu, si ces deux termes ne sont pas synonymes ? Christ et Dieu sont un « en qualité », pas « en quantité » explique Eddy (Science et Santé p. 361), ce qui fait écho à ces deux phrases de Jésus : « Moi et le Père nous sommes un » et « le Père est plus grand que moi ». Pour exemplifier sa pensée elle utilise l’analogie suivante : « Si nous disons que le soleil symbolise Dieu, alors l’ensemble de ses rayons collectivement symbolise le Christ et chaque rayon individuel les hommes et les femmes. » (Miscellanées, p. 344) Christ est ailleurs décrit comme le pouvoir de Dieu (Ecrits divers, p. 17), comme l’image empreinte de Dieu (Pulpit and press, p. 81, en référence à Hébreux 1 : 3 version King James), comme l’idéal de Dieu, l’Entendement divin (Science et Santé, p. 25), comme la manifestation divine de Dieu qui vient à la chair pour détruire l’erreur incarnée (Science et Santé, p. 583).
Au sujet de Jésus et du Christ, il n’y a évidemment aucune séparation possible non plus. Eddy écrit en effet : « Il [Jésus] était inséparable du Christ, le Messie… » (Science et Santé, p.482) La distinction qu’elle introduit cependant est principalement liée à sa métaphysique de la matière et de l’Esprit. Lorsqu’elle qualifie « l’homme corporel » Jésus « d’humain », par rapport au Christ qui est divin, il ne s’agit pas pour elle de déprécier l’homme Jésus, qu’elle place au-dessus de tous : « Jésus était le plus haut concept humain de l’homme parfait » (Science et Santé, p. 482). En réalité, c’est au concept matériel de l’homme générique qu’elle s’attaque. La théologie traditionnelle, plus spécifiquement catholique, présente la matière comme créée par Dieu, « elle est donc bonne ; elle n’est pas le principe du mal, et elle a une relation d’immédiateté authentique avec Dieu » (K. Rahner et H. Vorgrimler, Petit dictionnaire de théologie catholique, p. 276) Pour Eddy, Dieu, l'Esprit, ne saurait avoir créé la matière, car « matière » et « Esprit » ne participent pas de la même nature. La matière est une contrefaçon de l’Esprit, une conception imparfaite de la nature spirituelle de la création. Christ Jésus était le lieu d’une dualité. Eddy écrit : « Le Christ invisible n’était pas perceptible aux prétendus sens personnels, tandis que Jésus apparut en tant qu’existence corporelle. Ce double caractère [le texte anglais dit : cette personnalité duale] de l’invisible et du visible, du spirituel et du matériel, du Christ éternel et du Jésus corporel manifesté dans la chair, subsista jusqu’à l’ascension du Maître, au moment où le concept humain matériel, ou Jésus, disparut, tandis que le moi spirituel, le Christ, continue d’exister… » (Science et Santé, p. 334) La chair, y compris celle de Jésus, est une condition temporaire qui, in fine, doit être dépassée grâce au Christ ; d’où l’ascension de Jésus perçue comme « élévation au-dessus de toutes conditions matérielles » et comme « un état de progression au-delà de la tombe » (Science et Santé, p. 46). Lorsque Jésus s’éleva « au-dessus de la perception physique de ses disciples », écrit Eddy, « les sens matériels ne le revirent plus » (Ibid.)
Mary Baker Eddy associe la « personnalité humaine » de Jésus à l’incapacité des sens matériels à discerner sa vraie individualité, spirituelle, laquelle est le Christ. Elle écrit : "En raison de leur croyance matérielle et pécheresse, les mortels ne pouvaient percevoir le Jésus spirituel" (Science et Santé, p. 314) Les notes prises lors d’un cours donné en 1889, confirment ceci : « Jésus était l’idée de Dieu, notre conception humaine l’a revêtu de pensée humaine… Lorsque nous parlons de Jésus nous avons à l’esprit l’idée divine. […] » (Note prises par Joshua Bailey ref. A10273) Dans une note à Edward Norwood elle écrit : « Jésus dans la chair était le prophète, ou celui qui montre le chemin vers la Vie, la Vérité, l’Amour, et en dehors de la chair Jésus était le Christ, l’idée spirituelle ou image et ressemblance de Dieu. » (We knew Mary Baker Eddy vol. II, p. 272) Nous voyons ici que c’est bien en réalité la conception qu’Eddy entretient de la notion de « chair » (sur laquelle nous aurons l’occasion de revenir dans la partie métaphysique), notion qu’elle relie à la conscience humaine, qui semble créer une tension entre Jésus et le Christ, mais son concept de la Trinité ne s’écarte jamais de ce que l’Évangile de Jean en dit : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. […] Et la Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité… » (Jean 1 : 1,14)