DIEU
Monothéiste, et plus particulièrement protestante depuis son enfance, Mary Baker Eddy adopte la conception de Dieu révélée par la Bible. Elle écrit : « Dieu est ce que Le proclament les Écritures : Vie, Vérité, Amour. » (Science et Santé, p. 330) Selon la déclaration faite à Moïse par l’Eternel, Dieu est également le « Je Suis ». Il est Cause première, et, selon Eddy, « l’unique Cause » – ce qui aura des implications métaphysiques importantes. Eddy, par déférence, place une majuscule à chaque synonyme divin, ou à chaque terme destiné à caractériser Dieu, comme dans la citation précédente. Elle évoque également Dieu en tant qu’Esprit divin, Ame divine (ce qui nécessitera d’être explicité ultérieurement), Entendement divin ou encore Principe divin. Il faut préciser à ce stade que l’acception de Dieu en tant que Principe n’est pas dérivée de la conception qu’en avait celui qui l’a largement diffusée, Spinoza.
Les termes Vie, Vérité, Amour, Esprit, Ame, Entendement et Principe sont considérés par Eddy comme étant synonymes, « ils ont […] pour objet d’exprimer la nature, l’essence et l’intégralité de la Divinité. » (Science et Santé, p. 465). Elle ne créé donc aucune hiérarchisation de la nature divine ; l’Esprit ne saurait être supérieur à l’Entendement par exemple. L’Esprit est Entendement et l’Entendement est Esprit. De la même manière l’Amour est Vie et Vérité, la Vérité est Amour et Vie, etc. Dieu est Un, et Dieu est également Tout. Il est incorporel, suprême, infini. Dieu est également le Bien, ce qui implique qu’il ne saurait avoir créé le mal. La Bible assure, en parlant de Dieu, que « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal » (Habakuk 1 : 13). Nous aurons également l’occasion de revenir sur cette question importante dans la partie métaphysique.
Il peut être utile à ce stade de préciser la place de l’amour dans la théologie de la Science Chrétienne. A l’instar de Jésus qui place l’amour au centre de son message, Eddy fait de celui-ci l’alpha et l’oméga de la Science Chrétienne : « Rappelez-vous que la première et la dernière leçon de la Science Chrétienne, c’est l’amour, l’amour parfait, et l’amour rendu parfait par la croix. » (Ecrits Divers p.138) Plus loin elle écrit : « Ainsi que je comprends la Science Chrétienne, je me nuirais à moi-même plutôt que je ne nuirais à un autre, puisqu’en transgressant le commandement du Christ : ‘Tu aimeras ton prochain comme toi-même’, je perdrais mon espoir de gagner le ciel. » (p. 311) Dieu, Amour, est le tout du christianisme, l’indépassable : « ‘Dieu est Amour.’ Impossible d’en demander davantage, de regarder plus haut, d’aller plus loin. » (Science et Santé, p. 6) Lorsqu’Eddy cherche à expliciter « la lumière que la Science Chrétienne projette sur les Écritures en substituant au sens corporel le sens incorporel ou spirituel de la Divinité », elle reprend le Psaume 23 et opère cette « substitution » via le synonyme de Dieu « Amour » :
« [L’Amour divin] est mon berger : je ne manquerai de rien.
[L’Amour] me fait reposer dans de verts pâturages, [L’Amour] me dirige près des eaux paisibles.
[L’Amour] restaure mon âme [sens spirituel], [L’Amour] me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de Son nom.
Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car [L’Amour] est avec moi : la houlette de [ de L’Amour] et le bâton [de L’Amour] me rassurent.
[L’Amour] dresse devant moi une table, en face de mes adversaires ; [L’Amour] oint d’huile ma tête, et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront tous les jours de ma vie, et j’habiterai dans la maison [la conscience] de [L’Amour] pour toujours. » [traduction de la Bible anglaise version King James] (Science et Santé, p. 578)